
Mathieu Slama est essayiste et enseigne la communication politique. Il nous a accordé un entretien autour de son ouvrage Adieu la liberté, où nous abordons notamment la question de l’État de droit et des mesures liberticides prises durant la crise du Covid-19
Vous mentionnez la notion de biopolitique mais aussi Carl Schmitt pour analyser les évènements que traverse la France depuis 2020, notamment l’ouvrage de ce dernier: La dictature. Une citation de « Légalité et légitimité » vient en particulier à l’esprit à la lecture de votre essai :
« Un État de partis pluralistes ne devient pas « total » par vigueur et par puissance, mais par faiblesse ; il intervient dans tous les domaines de la vie parce qu’il doit satisfaire aux prétentions de tous les intéressés. »
Partir de Schmitt est une bonne idée parce qu’au fond, nous vivons depuis deux ans un moment proprement schmittien, où le politique s’est totalement affranchi des règles de droit pour décider de manière souveraine dans le cadre d’un état d’exception non démocratique. Macron disciple de Schmitt, qui l’eut cru ? Depuis deux ans, l’exception est devenue la règle et le souverain a décidé à peu près seul, sans contrepouvoir. La frontière entre exécutif et législatif s’est effacée, des mesures gravissimes du point de vue des libertés publiques ont été prises, et on a même inventé une nouvelle méthode de gouvernement consistant à faire du chantage à la liberté. On a vu, très concrètement, ce que pouvait faire un gouvernement arraché de toutes ses chaînes juridiques et constitutionnelles : à peu près tout.
Mais pour revenir à votre citation, elle dit aussi quelque chose de la période que l’on a traversé : l’Etat n’a été autoritaire et policier que parce que la société le lui a demandé. Il y a eu une demande d’ordre, d’autorité et même de répression qui est venue de la société elle-même, et il serait donc erroné de partir du postulat que c’est le gouvernement qui a voulu tout ça. Les libertés se sont évaporées parce que les Français n’en voulaient plus et qu’ils ont réclamé de la discipline et de la coercition pour se sentir protégés du virus. C’est ce que j’appelle l’idéologie du « safe », qu’on a vu à l’œuvre face au terrorisme, qu’on voit également à l’œuvre face à l’insécurité contre laquelle une majorité de Français demandent des mesures autoritaires et sécuritaires très dures. Alors évidemment, nous retrouverons nos libertés bientôt mais un peuple qui renonce aussi facilement à la liberté peut retomber très vite dans la servitude, et l’Etat pourra reprendre facilement les libertés qu’il nous a « rendues ». C’est pour cela que ce qu’on a vécu est si grave – et d’une certaine manière irréversible.
Dans votre ouvrage, vous évoquez avec des mots très justes l’atteinte inédite portée aux libertés fondamentale et à l’Etat de droit. Pour revenir sur la notion de ce dernier, les restrictions sanitaires n’ont-elles pas au contraire rappelé l’ambivalence de ce concept et, plus avant, enchaîné l’Etat à de nouvelles normes au détriment des libertés dont il est censé être le garant ?
Foucault avait bien vu le paradoxe des sociétés libérales qui se créent avec le début des États de droit, des constitutions, de toutes ces avancées démocratiques qui, en quelque sorte, consistent à inscrire toujours plus la vie des individus dans le droit. En inscrivant la vie dans toutes ses dimensions dans le droit, à la fois on crée des protections juridiques, mais en même temps on crée une insécurité parce que l’État peut, du jour au lendemain, enlever, retirer, redonner, bref distribuer du droit. Ce n’est pas exactement ce que dit Foucault mais c’est ainsi que je l’interprète : l’État se fait distributeur du droit, régulateur du droit et donc distributeur et régulateur de libertés, et c’est exactement ce qui s’est passé. Dans la crise sanitaire, l’État s’est fait régulateur des libertés au sens où il vous retire votre liberté, il vous la redonne sous certaines conditions. On est totalement dans ce paradigme.
On revient à la sentence de Carl Schmitt sur la définition de l’État de droit : l’État doit se borner à la reconnaissance juridique des intérêts…
Au fond, c’est le paradoxe : on peut penser d’une certaine manière que c’est l’État de droit qui a permis cette dérive au sens où le droit prévoit tous les aspects de la vie — la biopolitique de Foucault c’est précisément cela : la vie inscrite dans le droit, le grignotage par le droit de tous les aspects de la vie humaine. Je ne suis toutefois pas d’accord avec cette vision des choses, qui consisterait à jeter l’État de droit avec l’eau du bain. Si on examine les choses sous un angle très positiviste, c’est en effet juste, mais c’est faire fi de l’idée républicaine. Elle est à la fois construite sur un ensemble de principes constitutionnels, mais elle est aussi fondée sur des principes fondamentaux. Tout l’État de droit français, notre constitution, sont l’émanation de principes, du droit naturel, qui sont nés à la Révolution, et même avant ! L’idée républicaine est le moteur de tout cela, idée qui est fondée sur la liberté. C’est d’ailleurs Clémenceau qui définissait la République ainsi – et je trouve que c’est la meilleure définition qu’on peut en donner : « Dans la République, la liberté c’est le droit commun de chacun, et l’autorité ne peut être que la garantie de la liberté de chacun ». Même Proudhon disait que la République, c’est « l’ordre qui découle de la liberté et non l’inverse ». On résout cette problématique de l’État de droit par cette idée républicaine, et c’est pour cela que Carl Schmitt se trompe. Et Schmitt, rappelons-le, est partisan d’un Etat autoritaire et dictatorial, et sa vision du politique est fondamentalement réactionnaire et anti-démocratique. Il nous aide à comprendre l’époque, mais en tant qu’ennemi de la démocratie et donc de la République, ne l’oublions pas.
N’y a-t-il pas une divergence culturelle liée à notre tradition républicaine liée à la Révolution française que Carl Schmitt n’avait pas ?
Bien sûr, mais Carl Schmitt savait parfaitement ce qu’est la République. Dans La Dictature, il a tout un chapitre sur la Révolution française, mais ce que je pense, c’est que l’État de droit reste un mythe nécessaire, car il valide plusieurs choses : les principes fondamentaux avec les contrepouvoirs qui induisent l’idée que toute décision politique est enchaînée à une règle de droit, à une constitution, etc. L’Etat de droit républicain, c’est des chaînes que l’on met aux pieds du politique pour que jamais il ne puisse attenter aux droits fondamentaux des citoyens. Au fond, on n’a rien trouvé de mieux pour faire en sorte que le citoyen ne soit pas soumis à l’arbitraire à un moment de sa vie. Eviter l’arbitraire reste l’élément le plus important : qu’une décision politique ne soit jamais le fruit de l’arbitraire, ce qui hélas aujourd’hui le cas. Emmanuel Macron décide en Conseil de défense, il n’y a plus la distinction entre l’exécutif et le législatif, et c’est cela la définition de la dictature.
Attention, je ne dis pas que nous sommes en dictature ; nous sommes dans un régime autoritaire qui se rapproche par certains aspects à la dictature, mais par d’autres non. Rien n’a été abrogé après tout : ni le Parlement, ni le Conseil constitutionnel, ni la Constitution elle-même. C’est d’ailleurs une question à se poser : comment notre Constitution a permis ce qui se passe depuis deux ans ?
C’est pour cela que je réfléchis à ce qu’est le macronisme, et pour moi, c’est du management. Je le définis comme l’application à la politique des méthodes, de l’imaginaire, des pratiques de l’entreprise. Et qu’est ce qui régit l’entreprise ? le management. L’exemple de l’attestation dérogatoire pour sortir de chez soi provient à ce titre du management : c’est un outil qui ne sert à rien mais qui est purement dissuasif, amené à discipliner les comportements. Le pass est également un pur produit du management, et un outil avant tout disciplinaire. Il y a des gens au pouvoir qui ne sont pas des démocrates, ni des républicains, et qui sont des anciens cadres du privé, des anciens managers. Ils ne se rendent absolument pas compte de ce qu’ils font : pour eux la France est comme une entreprise, on met en place des mesures qui « fonctionnent », des mesures de management de la population. Un député LREM a dit au début de la crise « Il faut savoir manager la population » et je pense que tout est dans cette phrase, tout. De citoyens, les Français sont passés à « population » qu’il faut manager. Le problème, c’est que les institutions et les contre-pouvoirs ne peuvent fonctionner que s’il y a des républicains au pouvoir. C’est aussi ça que cette crise vient nous rappeler : si on donne les clefs à des gens qui ne sont pas des républicains, cela provoque des aberrations comme celles que l’on vit depuis deux ans. La question du personnel politique est importante pour que les institutions et les contre-pouvoir puissent fonctionner à ce niveau-là.
C’est cependant pour cette raison aussi que ce qu’on appelle « gouvernement des juges » ne m’effraie pas tant qu’il s’agit d’un contre-pouvoir (et non d’un pouvoir en tant que tel), et qu’il modère les excès du pouvoir conformément à l’esprit républicain. Or, en l’état, cela n’a pas fonctionné. S’il y avait des personnes compétentes au Conseil constitutionnel, jamais le confinement n’aurait été validé tel que nous l’avons connu.
Le citoyen ne serait-il pas entré dans la phase finale de sa réification ? Non seulement par la symbolique du port du masque qui déshumanise le citoyen dans l’espace public mais aussi par le fait que si l’on ne peut plus faire autre chose que de gérer des contraintes, le gouvernement des hommes est remplacé par l’administration des choses ?
C’est ce que dit Agamben : l’administration des hommes et l’administration des choses se confondent. J’ai toutefois une approche différente du marxisme. Je crois au contraire qu’on vit l’effacement de l’individu. Je pense que le masque, au-delà de son rôle sanitaire effectif, sa banalisation à l’extérieur efface l’individualité. Agamben va un peu loin là-dessus et si je le suis, j’ai une analyse plus simple : c’est pour moi le symbole d’une société qui efface l’individu. L’individu s’efface devant le collectif. C’est presque un moment communiste que nous avons vécu à ce titre-là : au nom du collectif, l’individu doit se conformer. C’est à la fois la victoire du conformisme, mais aussi la victoire de la disparition de l’individu au nom d’un principe supérieur — en l’occurence la santé, la protection du collectif. Il faut évidemment se protéger contre un virus, mais à un tel degré d’autoritarisme, là, on sort du régime démocratique, libéral, hérité de la Révolution française, qui se fonde sur l’individu. Le pass est également un pur produit du management, et un outil avant tout disciplinaire.
Le passage d’un régime républicain à un régime autoritaire est presque un moment contre-révolutionnaire. On passe de la primauté de l’individu à celle du collectif. C’est intéressant parce que par exemple la Chine n’a pas de pass sanitaire. Les Chinois ont un système qu’ils utilisent différemment ; on a donc tort de dire qu’ils sont à l’origine du pass sanitaire alors qu’il est inspiré des entreprises privées et qu’il provient d’Israël — qui est un pays Occidental. Ce sont des pays libéraux qui l’ont mis en œuvre. Encore une fois, il est le produit du monde du management.
La rupture que nous vivons, c’est la fin d’un modèle où l’individu pensé comme citoyen et la protection de ses droits disparaissent. Lorsqu’Emmanuel Macron affirme d’ailleurs que les devoirs priment sur les droits, ce n’est pas du tout anodin. Je pense que c’est l’armature idéologique de tout ce qui se passe. S’il le dit, c’est pour justifier idéologiquement ses mesures évidemment, pour se donner un vernis de légitimité. S’il est un grand stratège, il n’a cependant aucune profondeur intellectuelle, ni de culture classique. Si on lui parle des soldats de l’An II, de Mirabeau ou de Saint-Just, il n’est pas certain qu’il sache ce que c’est. Quand il dit « les devoirs avant les droits », au-delà de l’opportunisme idéologique, c’est tout à fait caractéristique d’un régime autoritaire, c’est l’ordre moral. La réification de l’individu, c’est une grille d’analyse marxiste qui, selon moi, ne fonctionne pas en l’espèce.
Les termes de « responsabilité » et de « gestion » sont parmi les mots les plus utilisés par les politiques pour justifier généralement n’importe quel acte afin qu’il ne souffre d’aucune contestation. N’a-t-on pas déconsidéré l’emploi d’un vocabulaire qui aurait infantilisé le citoyen, voire qui l’a dissocié de la politique ?
C’est un ordre moral. On a instauré un ordre moral avec des injonctions, qui sont justement des injonctions morales, d’où des termes comme « responsabilité » — lequel a d’ailleurs été détourné de son véritable sens alors qu’il désignait des citoyens responsables qui faisait des choix en leur âme et conscience. La responsabilité est aujourd’hui le prétexte pour imposer des choses en son nom, alors qu’il s’agit d’une notion très libérale. D’autre part, dire qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité, c’est absurde. La liberté est un principe absolu. Je ne suis pas d’accord avec l’affirmation de Carl Schmitt selon lequel c’est l’exception qui détermine la règle. Quand on est républicain, on pense le contraire : ce sont les principes qui comptent et les exceptions qui sont secondaires. La République, c’est l’absolu de la liberté, et la primauté des grands principes.
Ces injonctions ont construit un monde très infantilisant. « Ne soyons pas égoïstes », « soyons responsables » et les abus de langage qui vont avec sont du chantage à la responsabilité, et le pass sanitaire est un chantage à la liberté : on nous prend notre liberté et on nous la rend si nous nous comportons bien. On peut ici s’aider du marxisme : Jacques Rancière a une petite phrase appropriée au sujet de la société néolibérale qu’il dépeint comme une société « se représentant à la manière d’une vaste école ayant ses sauvages à civiliser et ses élèves en difficulté à rattraper ». Nous sommes exactement dans ce cas de figure : un ordre moral où il y a les bons et les mauvais citoyens, ceux qui se comportent bien, ceux qui se comportent mal. Il n’y a rien de plus hostile à la liberté qu’un ordre moral ; tous les totalitarismes se fondent sur un ordre moral, les régimes autoritaires se fondent sur un ordre moral également, les régimes puritains, etc. Les religions se fondent aussi sur un ordre moral. Les régimes liberticides se fondent sur un ordre moral. Ils le font avec le langage, qui crée de nouvelles injonctions qui peuvent expliquer en partie ce qui s’est passé.
Ne sommes-nous pas arrivés aux conséquences les plus terribles que Carl Schmitt supposait au sujet de la coïncidence « entre droit et loi, justice et légalité », faisant qu’un régime représentatif où la loi est l’expression de la volonté générale au point d’écarter le droit de résistance des libertés fondamentales ?
La distinction légale/légitime est fondamentale. Les lois prises aujourd’hui sont légales, mais ne sont pas légitimes. En effet, Carl Schmitt voit ici très juste dans les limites du positivisme qui imagine un ordre juridique parfait. Au fond, ce que dit Schmitt, ce qui est important, ce sont les principes derrière les normes, et c’est justement là qu’on en revient à l’idée républicaine que Schmitt honnit tant. Toute notre constitution est à la fois l’émanation de la souveraineté populaire, mais aussi de l’idée républicaine. Carl Schmitt dirait certainement que tout cela, c’est de la littérature, du romantisme. J’assume toutefois ce romantisme républicain, au sens où notre mythe républicain est issu d’une idée. Quand de Gaulle affirme que la France est une idée, je suis d’accord avec lui. Une partie de la droite et toute l’extrême-droite disent que la France, c’est des paysages, c’est de la « bouffe », un art de vivre etc., je trouve que c’est une vision tellement médiocre de la France. Selon moi, toute l’histoire de France a abouti à 1789. Je suis très moderne dans cet aspect. On résout cette équation par ça : je suis pour la souveraineté populaire, mais celle-ci n’est pas absolue parce que l’idéal républicain, c’est aussi le contrat social et l’État de droit, et ce dernier s’impose à la souveraineté populaire.
Je pense que beaucoup de gens, des souverainistes — de droite comme de gauche — se trompent à ce sujet, parce qu’ils ont une image fantasmée de la République à travers l’aventure des premiers républicains, de la constituante, puis des comités de salut public, de cet idéal de démocratie directe qui vient de Rousseau. Je n’en suis pas partisan, parce que c’est tout autant arbitraire : le peuple peut être tout aussi asservissant que le souverain. Ça n’a pas de sens de dire que le peuple est naturellement bon, et c’est là que les marxistes se trompent. Ils ont une vision de la lutte des classes qui est manichéenne. Foucault s’est déjà demandé en quoi le peuple échapperait aux mécanismes du pouvoir lors d’un débat avec Chomsky. Le peuple a d’ailleurs voulu ce qui s’est passé durant cette crise : si Macron avait eu recours au référendum, nous aurions eu exactement les mêmes mesures…
L’idée qu’une démocratie, entendue comme régime du plus grand nombre, soit plus résistante à une colonisation des imaginaires ou à l’asservissement qu’une monarchie, a d’ailleurs été avancée par les austro-marxistes, en particulier Otto Bauer…
Au contraire, la masse est tout aussi asservissante qu’un monarque. Quand Rousseau dit dans Le Contrat Social : « ceux-là on les forcera à être libres », soit que le contrat social revient à « forcer » les gens, Rousseau voit le contrat social comme des règles contraignantes. Je le réinterprèterai ainsi : l’État de droit est là pour forcer les gens à être libres. Si les Français veulent un pass sanitaire, l’État de droit doit leur dire non. Les Français veulent des caméras de surveillance partout ? L’État de droit doit là aussi leur dire non. C’est cela qu’on a perdu, même si, au fond, c’est une idée très anti-populiste, très modérée, très rationnelle, voire très bourgeoise puisqu’inspirée de la pensée bourgeoise libérale, mais qui est totalement subversive aujourd’hui et si peu partagée aujourd’hui, à gauche comme à droite, sans compter les républicains qui ont laissé passer autant de règles anti-républicaines.
Justement, si la masse peut être aussi asservie et asservissante qu’un tyran et que notre système représentatif où les électeurs ne se déplacent plus aux urnes est lui aussi perverti, y a-t-il une solution ? Le vote obligatoire ne résoudrait que la problématique de la représentativité et, pour citer Périclès, distinguer les citoyens de ceux qui sont passifs en retirant la citoyenneté à ces derniers apporterait-il quelque chose ?
Je pense au contraire que c’est une bonne chose que les citoyens arrêtent de voter, parce qu’en faisant cela ils signifient qu’ils ne veulent plus de ce système, ils ne jouent plus le « jeu ». Ils ne sont pas dépolitisés pour autant, au contraire. L’émission de Cyril Hanouna est un bon exemple : c’est devenu une émission politique, alors qu’il y a 5 ans, c’était une simple émission de divertissement. Je pense que les Français n’ont jamais été aussi politisés qu’aujourd’hui ; simplement, ils ne veulent plus voter, ça ne les intéresse plus. On voit bien qu’entre Sarkozy, Hollande et Macron, c’est exactement la même politique.
D’ailleurs on ne plus parle plus d’alternative, mais uniquement d’alternance…
L’alternance renvoie à une vieille idée qu’il fallait des respirations entre droite et gauche. Sauf que chez les républicains qui défendaient l’alternance, les politiques étaient différentes. On pense ce qu’on veut de Mitterrand, ce n’était pas la même chose que Giscard. Chirac, non plus. Depuis Chirac, c’est la même politique qui est menée. Les gens expriment une lassitude et se disent que les politiques, aujourd’hui, sont médiocres. L’absence de vote peut paradoxalement être une bonne chose si elle remet en cause ce système. Il faut sans doute, en effet, réfléchir plus sérieusement sur le référendum d’initiative citoyenne qui peut être une bonne solution mais à condition qu’il respecte la constitution. Mais au fond, la vraie bataille est celle de la liberté. Et pour cela, il faut rétablir notre Etat de droit et le renforcer. La vraie urgence est là, parce que nous entrons dans une période de crises permanentes, et on ne pourra pas les gérer comme on a géré le terrorisme et le Covid, ou alors on acte notre renoncement total et radical à la démocratie, à la République et à la liberté.